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jeudi 18 avril 2024

AirBnB & Co : le mirage de l’économie collaborative

 

A force d’opposer l’économie collaborative aux modèles traditionnels de l’économie, on a fini par en faire des ennemis. Il faut dire que le système capitaliste tel qu’on souhaite nous le vendre consiste à consommer, consommer toujours plus et toujours plus vite. Sur un simple plan de bon sens, si 7 milliards d’être humains se mettaient à consommer et gaspiller autant que les européens et les américains, il n’y aurait d’une part une pénurie de ressources (qui conduirait de facto à une flambée des prix, conduisant de facto à ré-affamer la moitié de la planète) et d’autre part une sur-pollution qui aurait un impact évident sur l’écosystème, conduisant là aussi à une diminution de la production animale et végétale, donc à la pénurie et ainsi de suite...

Même si les baby boomers occidentaux trouvent que leur modèle de société est le meilleur, les nouvelles générations ont pris conscience que malgré tous leurs efforts elles ne pourraient pas profiter de ce dont les générations antérieures ont profité. La relation des « milleniums » à la propriété est d’ailleurs un vrai casse tête pour les gens du marketing.

Et si on considérait que les deux économies sont complémentaires et permettent à la consommation de devenir raisonnable et respectueuse des ressources et des gens ?

Côté clients...

Côté client, beaucoup ont appris à utiliser à bon escient l’économie traditionnelle et l’économie collaborative de manière très complémentaire.

Dans une économie en perpétuelle récession ou quasi depuis 30 ans, tous les moyens sont bons pour faire des économies. Les cartes se redistribuent dans tous les secteurs de l’économie :
 on loue sa perceuse ou son karcher qui s’use plus à ne servir que 2 fois par an qu’à servir régulièrement
 on loue sa voiture pendant qu’on est en voyage à l’étranger et du coup on économise le parking horriblement cher de l’aéroport
 on loue sa voiture quand on habite en ville et ne se sert de sa voiture que rarement
 on loue son appartement quand on part en vacances
 on loue un ou plusieurs sièges vides quand on utilise sa voiture pour faire un Paris-Genève

Une source d’inspiration

Les professionnels pourraient d’ailleurs s’inspirer des caractéristiques de l’économie collaborative pour adapter leurs offres et éventuellement diminuer leurs prix :
 on remet de l’humain au cœur du quotidien : en personnalisant la relation de prêt/location, le locataire se comporte globalement mieux. C’est d’ailleurs ce qui a fait la réussite des chambres d’hôtes, formule hybride entre le modèle collaboratif et le modèle capitaliste classique
 sur AirBnB pas de ménage compris, hormis l’option de fin de séjour : un client qui passe 3 jours à l’hôtel pourrait très bien se passer du ménage et même de linge propre en cours de séjour
 sur Tripndrive (location pas chère pour le locataire et parking gratuit à l’aéroport pour le propriétaire), le locataire rend la voiture propre
 sur les sites de co-voiturage, le chauffeur fait souvent un détour pour récupérer/déposer son passager. Si le passager avait pris un transport un commun, il serait à la gare ferroviaire ou routière et devrait faire les derniers kilomètres à pied ou en taxi
 etc...

Redéfinir les contours de son offre permettrait sans doute de toucher d’autres clients. Ce pourrait également être un bon moyen de montrer aux clients qu’on les écoute...

Les dérives

Le vrai problème du modèle collaboratif, ce sont les abus :
 ceux qui font l’aller-retour en minibus Paris-Marseille, Paris-Lille, Paris-Bordeaux... à longueur de temps : cette activité devient une activité professionnelle, mais sans tenir compte des contraintes auxquelles sont confrontés les transporteurs professionnels (assurance responsabilité civile, assurance passager, âge du véhicule, contrôle technique annuel plus complet, etc... sans oublier les charges patronales et les charges classiques d’un professionnel)
 ceux qui louent leur(s) résidence(s) secondaire(s) à longueur d’année sans déclarer quoi que ce soit
 ceux qui achètent des appartements exclusivement pour les louer sur ces sites
 ceux qui font de la location de karcher ou perceuse un business juteux
 etc...

Mais que fait la police ?

Côté politique, hormis pour la location de logements, le problème n’a pas vraiment été identifié. Ceux qui font l’aller retour Paris-Nice plusieurs fois par semaines en proposant 8 sièges sont pourtant faciles à identifier. La municipalité de Paris a récemment fait le buzz en médiatisant les contrôles de logements mis en location sur AirBnB et autres sites équivalents. On ne peut que s’en féliciter.

Que font les autres municipalités pour fixer des règles et pour les contrôler ? Que font les services fiscaux ?

Quand tant de gens sont sans logement, pourquoi les politiques laissent-ils le parc locatif dériver vers AirBnB ? La question est simple : préfère-t-on de vrais habitants ou des touristes ? Veut-on repousser les vrais habitants toujours plus loin de la ville ? Veut-on des villes réservées aux riches et aux touristes et les campagnes aux bouseux et aux fauchés ?

Mais que font ces sites pour dissuader les abus ?

Quand un internaute fait plusieurs fois par semaine ou même par mois l’aller-retour Paris-Nice en proposant 8 sièges à la location, c’est plutôt simple à savoir pour l’éditeur du site Internet. N’a-t-il pas un devoir de rappel de la loi ? un devoir de contrôle ? un devoir de transmission aux autorités ?

Un employeur transmet à l’administration fiscale le montant des salaires perçus et tout le monde trouve cela plus simple. Pourquoi pas la même chose pour ces chiffres d’affaires ? C’est à la loi de fixer les montants de franchise, pas aux sites à estimer si le montant est élevé ou non. Ce qu’oublie chaque éditeur de site, c’est que le bien est souvent loué sur plusieurs plateformes, chaque plateforme n’ayant pas connaissance des performances des autres plateformes sur ce bien.

Un locataire n’a souvent pas le droit de sous-louer. Pourquoi les sites ne vérifient-ils pas que la personne qui met un bien en location est bien propriétaire du bien ?

Certaines villes imposent aux propriétaires d’avoir modifié le statut de leur logement. Les sites vérifient-ils cette déclaration ?

Lors du congrès annuel 2013 du SYNHORCAT, le directeur France d’AirBnB assurait être en discussion avancée avec le fisc français afin de transmettre le listing des revenus réalisés par des propriétaires/locataires de logements en France. Où en est cette « discussion » ?

Quand la politique va-t-elle évaluer la situation et établir des limites ?

La taxe locale est enfin appliquée à ce type de location et surtout collectée par les sites. Çà rend d’un coup ces locations beaucoup moins concurrentielles une fois qu’on y ajoute dans le cas d’une famille 4 ou 5 taxes de séjour multipliées par 7 jours...

Partager son appartement quelques fois dans l’année quand on est parti, c’est effectivement un moyen de diminuer ses frais (impôts, charges, rénovation, entretien...). Il y a cependant un moment où le dépannage devient un business et c’est limite qu’il faut établir : sous la limite aucun souci et éventuellement un impôt progressif, au dessus de la limite les mêmes contraintes que les professionnels hôteliers.

Oui mais le monde merveilleux des bisounours...

Quand on écoute les ayatollahs du collaboratif, on devrait tout faire sur le mode collaboratif. Dans ce contexte comment va-t-on financer l’école ? la justice ? les hôpitaux ? le transport aérien ? le transport ferroviaire ? le fret ? les architectes ? les policiers ? les paysans ? etc...

Le modèle de société est simple : tout le monde, particuliers et entreprises, cotise à hauteur de ses revenus. Pourquoi certains revenus devraient être exonérés quand les professionnels du secteur sont taxés dès le premier euro de chiffre d’affaires ? Au nom de quoi de gros revenus « amateurs » devraient-il être exonérés au même titre que ceux des dealers « pas vu, pas pris » ? Qui peut oser soutenir publiquement ce modèle ?

Conclusion

Comme toujours, c’est une question d’équilibre qu’il va falloir trouver et parfois imposer. Un particulier qui loue son habitation une vingtaine de nuits est raisonnable, 150 nuits plus du tout.

Il va encore falloir que les syndicats professionnels montent au créneau, qu’ils rabâchent des choses qui paraissent pourtant évidentes et qu’ils passent aux yeux du public pour des empêcheurs de tricher en paix...

Et pendant ce temps, les seuls qui s’enrichissent vraiment sont ces plateformes qui se positionnent en « intermédiaire technique », ne subissent aucune contrainte similaire à celles d’une vraie agence immobilière, et expatrient leur revenus et leurs profits là où ça coûte moins cher aux actionnaires. Ces startups n’ont plus rien du conte de fée de leur origine : elles ont toutes été avalées et dévorées par la finance afin d’alimenter le monstre et asservir l’économie.

Quand va-t-on enfin regarder ce qui se passe avec objectivité ? Quand va-t-on cesser de se comporter comme des pigeons contents de manger les miettes ? A quand la révolte du collaboratif contre ce détournement par la finance ?

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    Les commentaires


    1. le 2 juin 2015 à 00:28, par Constance Konold

    On se trompe peut-être d’ayatollahs.

    Imposer encore des contrôles sur les Français, à des frais disproportionnés aux abus, ne servirait qu’empirer l’économie générale sans parler de la morale. Au contraire, nous devrions encourager la location « hospitalière » occasionnelle, ce qui offre aux touristes une expérience authentique et des rencontres d’ouverture sur notre pays que les établissements hôteliers ne peuvent pas assurer. De surcroit, puisque l’Etat et les entreprises n’arrivent pas à nous fournir suffisamment d’emplois pour assurer parfois le minimum de confort dans la vie, ne devrions-nous pas plutôt encourager tout entrepreneuriat qui dégage l’Etat de nous subvenir ?

    Hélas, il existe une petite mentalité qui soupçonne toute initiative qui sort du commun ; dès qu’un particulier trouve moyen de se sortir d’un impasse ( chômage, isolement, veuvage, abandon ou je ne sais pas quelle sorte de drame personnel ) tout seul par une action positive telle que louer une chambre sur airbnb, on crie au tricheur ! Voulez-vous vraiment interdire à nos petits vieux la possibilité de louer l’une de leurs propres chambres afin de trouver un complément à une retraite insuffisante ? Serait-il préférable de les forcer d’accepter une allocation sociale étatique au lieu de les voir s’en sortir sur leurs propres initiatives, surtout lorsqu’il est ( bizarrement ) interdit de s’inscrire au Pôle emploi après 70 ans ?

    Vive les initiatives collaboratives ! Vive airbnb ! Fini la France mégère !

    2. le 2 juin 2015 à 10:54, par Guilain Denisselle

    Bel état d’esprit pour une professeur en école hôtelière !

    Sans doute auriez vous du regarder 7à8 dimanche soir avec un fanfaron qui possède 56 appartements à Nice, tous en location sur AirBnB. Pouvez-vous soutenir que ce fanfaron est dans l’esprit du petit vieux qui complète sa retraite ? Ne pensez-vous pas que ces 56 appartements à louer 365 jours par an ont un impact direct sur le parc hôtelier ? Impact direct sur le prix des loyers pour les vrais gens qui veulent juste un logement ?

    Voici un article que vous allez adorer : Uber, Airbnb, BlaBlaCar... L’invasion des barbares avec un extrait « Le raisonnement appliqué à une série de services pourrait supprimer d’ici à 2025 quelque 3 millions d’emplois en France, selon les estimations du cabinet Roland Berger. », 3 millions de chômeurs pour enrichir des plateformes anonymes devenues des produits financiers, quel avenir radieux !

    3. le 2 juin 2015 à 17:58, par Guillaume

    Le principe même du droit est qu’il est toujours en retard sur la réalité. En d’autres termes qu’il s’adapte à la réalité. Le temps d’adaptation dépend de la structure de chaque Etat. Certains s’adapetent plus vite que d’autres. Pour qu’une loi soit votée qui oblige AirBnB a transmettre aux autorités une liste hebdomadaire actualisée de ses loueurs afin que ceux-ce soient taxé/imposé sur ce revenu réalisé prendra au bas mot 4 ans avant sont application, soit largement le temps pour qu’un nouveau business model émerge. On l’a vu avec la majors de la musique qui se sont adaptée que très tard à l’explosion de la musique en ligne (streaming ou téléchargement). Et surtout on l’a vu avec la loi en France qui a mis plus de 10 ans a appliqué des amendes à ceux qui téléchargent ilégalement, ce qui a largement laissé le temps au marché d’évoluer vers le streaming. A retenir tout de même que dans mon exemple, la base, elle, n’a pas changé. On fait toujours de la musique comme on en faisait il y a 50 ans. C’est la commercialisation qui change. Pareil pour notre métier..

    4. le 3 juin 2015 à 00:35, par Thomas

    La loi perd effectivement les pieds face à l’accélération des technologies et à l’augmentation massive du champ des possibles. Trop peu, bien trop tard.
    Les industries l’ont bien compris en imposant leurs projets ultra-rapidement à grand renforts de finance.
    Belle analyse de Guilain.

    5. le 4 juin 2015 à 11:44, par srsly

    « Sur un simple plan de bon sens, si 7 milliards d’être humains se mettaient à consommer et gaspiller autant que les européens et les américains, il n’y aurait d’une part une pénurie de ressources (qui conduirait de facto à une flambée des prix, conduisant de facto à ré-affamer la moitié de la planète) »

    Et pouf d’un coup 7 milliards d’êtres humains consomment comme les européens... C’est complétement idiot comme raisonnement...

    C’est au contraire une évolution et il y a le mécanisme des prix et pleins d’autres mécanismes sociaux ( avancées technologiques, meilleur utilisation des ressources etc..) qui vont permettre de gérer cela au fil de l’évolution des contraintes...

    6. le 9 juin 2015 à 08:52, par Baba

    discours passéiste, vous me faite penser au moine copiste avec l’invention de l’imprimerie !
    Regarder ce qu’ils ont fait sur la copie privée au début voulut pour quelques années tant que l’œuvre est vendu puis passé dans le domaine public, aujourd’hui les ayants droits en profitent pendant 120 ans !

    Le progrès c’est le progrès et internet avec l’économie du partage sont vertueux car nés de l’émancipation des gens et de la crise économique.

    Certes c’est un peu le chaos puisque nous sommes dans une période de transition, mais n’interdisez pas réguler par le haut ! laisser les gens vivre et inventer et gagner plus !

    7. le 9 juin 2015 à 16:41, par Constance Konold

    Pour TH, ci-dessus : Votre ad hominem à part, j’ai eu au moins le courage de signer mes pensées. Il est vrai que je pratique la science de management, ce qui m’empêche d’essayer de prouver une théorie ( que l’économie collaborative est pernicieuse ) en ne citant qu’un seul exemple, comme le cas du « fanfaron » que vous citez. Il s’agit là d’un faux syllogisme qui compare les pommes et les oranges et en tire une conclusion erronée : que la location meublée équivaut l’hôtellerie. Si on pousse un peu plus loin cette trajectoire, on pourrait nous reprocher un jour d’inviter nos amis de séjourner chez nous, dans nos foyers personnels, car c’est déloyal à nos chers hôteliers. Rassurez-vous ! L’hôtellerie survivra. Les locations airbnb aussi.

    8. le 9 juin 2015 à 18:55, par Guilain Denisselle

    @Constance Konold, vous connaissez à priori la science du management, mais pas forcément celle de la lecture de mots simples. Il est d’ailleurs amusant de remarquer qu’il a fallu que vous utilisiez cette fois des mots que certains de nos lecteurs ne comprendront pas, comme si l’utilisation de ces mots pouvait légitimer votre propos et décrédibiliser ceux des autres. Que nenni…

    L’article que vous avez commenté n’a jamais stipulé que l’économie collaborative est pernicieuse : je pense être en mesure de le savoir puisque c’est moi qui l’ai écrit. Tout au plus peut-on y lire que le détournement de l’économie collaborative par la finance est pernicieux. Il y a là une nuance non négligeable. Ce n’est pas parce qu’un cuisinier a trop salé l’eau de cuisson des pâtes qu’il faut en déduire que les pâtes sont de mauvais aliments. C’est pourtant ce que vous en avez retenu.
    La boulimie de la finance pousse le monde entier à consommer « à gogo » l’économie collaborative mondialisée afin de prélever une obole qu’elle ne touche pas forcément sur l’économie traditionnelle et locale. Il suffit de regarder les fortunes colossales dépensées parla finance pour faire le lobbying du « collaboratif ». Par définition l’économie collaborative est humaniste, est basée sur une notion de partage, de raison et de respect, respect des ressources et respect des gens. Depuis quand des pratiques éthiques et humanistes ont-elles besoin de lobbying ou de frais d’avocat colossaux pour littéralement attaquer les gouvernements un par un ? La finance est aujourd’hui devenue esclavagiste. Suis-je le seul à trouver que l’alliance économie collaborative et finance est contre nature et va fatalement conduire à un cataclysme ? La finance a vu dans l’économie collaborative un moyen de mondialiser des phénomènes locaux (pas besoin d’un site à San Francisco pour louer sa perceuse à son voisin, ni pour prendre quelqu’un en co-voiturage entre Limoges et Perpignan) afin de constituer artificiellement des monopoles indéboulonnables, et nombreux sont les êtres humains à se comporter en moutons de Panurge, éblouis qu’ils sont par les centaines de millions de dollars et bientôt milliards dépensés en lobbying et en évangélisation par des sociétés dont Uber et AirbnB sont les fers de lance.
    L’épisode du fanfaron ne fait qu’illustrer l’abus manifeste fait de l’économie collaborative par certains. Ce fanfaron n’est pas un cas unique dans l’histoire d’AirBnB. J’ai cité ceux qui font des allers-retours en minibus à longueur d’année sur les sites de covoiturage.

    Vous vous êtes bien gardée de commenter l’article Uber, Airbnb, BlaBlaCar... L’invasion des barbares mentionné dans ma réponse précédente et qui faisait part de deux points essentiels :
     la précarisation accélérée du marché du travail avec d’un côté des précaires qui seront bien obligés de courber la tête et de l’autre des plateformes déshumanisées et financiarisées : si vous trouvez que c’est une forme souhaitable de progrès social, alors nous ne vivons pas dans le même monde
     la perte pure et simple de 3 millions d’emplois en France. Là également, quel progrès social
    Depuis sa chaire il est tellement plus facile de dire « laissez faire ». Si toute l’économie traditionnelle s’effondrait au profit de l’économie collaborative idyllique, qui paierait l’entretien des routes pour que vous alliez donner vos cours ? Qui entretiendrait les éléments du quotidien ? Qui éduquerait les enfants ? Etc, etc, etc...
    L’article disait en conclusion "c’est une question d’équilibre qu’il va falloir trouver et parfois imposer".
    Quant à votre interprétation d’un syllogisme faux, vous n’en maîtrisez pas l’articulation aristotélicienne, puisqu’il aurait fallu que ce que vous avez assimilé à des prémisses en soient et que ces prémisses conduisent à la conclusion que vous imaginez avoir lue. Avec Internet il n’y pas que l’économie qui soit devenue virtuelle : les raisonnements le deviennent parfois également... Voici un exemple type de syllogisme faux : un cheval bon marché est rare, ce qui est rare est cher, donc un cheval bon marché est cher.
    Le seul syllogisme (vrai) que vous auriez pu lire est :
    1re prémisse : il y a disparité totale de méthodes, de façons de faire et de règles entre l’économie traditionnelle et l’économie collaborative, avec des distorsions évidentes de concurrence au détriment de l’économie traditionnelle qui est pourtant le socle financier de nos sociétés occidentales
    2de prémisse : comme dans toute activité humaine il y a des abus (celui qui fait l’aller-retour Paris-Lyon en minibus plusieurs fois par semaine est un exemple, le fanfaron un autre…) sans oublier la finance qui s’engouffre dans le trou béant et pousse même le bouchon jusqu’à assigner les gouvernements en justice (cf. Uber...)
    Conclusion : nous n’avons pas d’autre choix que de trouver un équilibre et de faire des compromis équitables : si personne ne fait l’effort à son propre niveau et si des principes de bon sens ne s’appliquent pas, alors il faudra imposer cet équilibre sinon c’est la société qui va s’effondrer. Hormis les Amish, personne n’est préparé à vivre en autonomie. C’est pourtant ce qui nous attend si la société s’effondre faute de moyens financiers…

    9. le 27 juin 2015 à 00:08, par TH

    Un excellent article à lire : Michel Bauwens : « Uber et Airbnb n’ont rien à voir avec l’économie de partage »
    Extrait : La différence entre une production pair-à-pair et Uber, c’est le morcellement du travail, la mise en concurrence entre les travailleurs pour obtenir un service, sans qu’ils aient accès à ce service, ce « bien commun », en l’occurrence l’algorithme contrôlé par la firme. Cela entraîne des déséquilibres, et avec eux la précarité. Quand Uber s’installe à Paris, les profits vont à ses actionnaires de la Silicon Valley"

    10. le 5 août 2015 à 15:09, par piat georges

    Pour ma part j’utiliserais le terme « économie de transfert » car sauf erreur le partage n’est pas synonyme de rémunération et encore moins de profits.
    Transfert donc, avec à terme, une augmentation de la précarité . J’en veux pour preuve les nuitées d’Airbnb qui sont passées en 5 ans de 4.500 à 223.000 sur Paris. Reparti sur le marché hôtelier dans son ensemble cela n’affecte que peux les résultats des établissements de la capitale . En revanche cela a retiré à des sociétés de nettoyage 50.000 heures de travail et donc affecté le « salaire » déjà précaire de centaines de femmes de chambre..
    En tant que propriétaire d’hôtel, je pense que nous sommes en parti responsable de l’arrivée et de la propagation de ses sites : ( produit pas en phase, cher, vieillissant pour certains) mais il est vrai que depuis quelques années nous investissons plus dans la sécurité que dans le confort . le client peu choisir son type d’hébergement (même si le cadre de loi n’est pas tres bien défini) . L’état est bien entendu le grand responsable ainsi que les organisations syndicales qui n’ont rien vu venir .. Quand aux professeurs d’hotellerie, 80% n’ont jamais travaillé dans un hotel ... GA Piat hotel de l’Europe Rouen

 
 

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